Blender, la trousse à outils du graphiste 3D ?
Plus de 27 ans après sa création, le logiciel de modélisation et d’animation 3D open source, Blender, est toujours là, rivalisant avec les ténors du marché. Ses fonctionnalités n’ont pas à rougir face aux mastodontes (3DS Max, Lightwave, Maya, etc.) tout en convainquant de plus en plus d’indépendants et de petits studios au vu de ses multiples possibilités. Entretien avec Jérémy Vergnes, graphiste 3D.
De quelle manière êtes-vous venu à la 3D ?
À l’origine, je suis ingénieur son et lumière. Passionné de sonorisation et de jeux vidéo, je me suis lancé dans un projet personnel de développement de jeux vidéo avec Unreal Engine 4. Il me manquait des objets 3D pour la création de mes scènes de jeu. C’est ainsi que je suis naturellement venu à Blender en m’initiant à la modélisation et l’animation 3D ainsi qu’au texturing, il y a trois ans ! Complètement autodidacte, je me suis pris d’affection pour ce logiciel qui ouvre des possibilités infinies au point de me spécialiser dans la modélisation 3D et le rendu temps réel à destination des secteurs du jeu vidéo, de l’industrie, de l’artisanat, de l’automobile… Cette passion est devenue, au fil du temps, ma profession.
Pourquoi avoir opté pour Blender ?
La principale caractéristique de ce logiciel réside dans le fait qu’il est open source. L’investissement pour utiliser Blender s’avère minime. De plus, il évolue constamment et rapidement du fait de sa forte communauté particulièrement dynamique. Si bien que l’on retrouve de plus en plus ce logiciel dans des studios 3D. De plus, il s’avère polyvalent en offrant un ensemble d’outils pour lesquels, avec un autre programme, il faudrait investir dans des licences spécifiques. Blender permet aussi bien de réaliser des effets spéciaux VFX, de la sculpture 3D, du montage vidéo que de la modélisation et de l’animation 3D. Chacun peut y trouver son compte, d’autant plus, que l’interface a bien évolué depuis ses premières versions, son ergonomie a été retravaillée et permet de s’adapter facilement aux tâches que les professionnels souhaitent réaliser. Le logiciel dispose de versions LTS, très stable avec un support sur le long terme (deux ans), ce qui n’est pas négligeable notamment pour un usage professionnel.
Blender vient de sortir en version 2.93 LTS. Que peut-on attendre de ce nouvel opus ?
Plusieurs améliorations ont été apportées. Le gizmo gagne en lisibilité, il est désormais d’activer ou non le rendu de certains objets, des niveaux ont été ajoutés sur les curves permettant de gérer leurs profils géométriques par rapport à une autre curves existante. En ce sens, 22 nouveaux nodes ont été ajoutés du côté géométrie tandis que l’outil de sculpture 3D bénéficie d’apport significatif pour ce qui concerne la sélection et le masquage. Un modifier Line Art fait son apparition pour générer des lignes stylisées avec une étonnante simplicité, l’opérateur Interpolate a été réécrit et étoffé. Le moteur de rendu Eevee bénéficie d’une nette augmentation de ses performances avec la gestion de l’occlusion ambiante, des volumétriques (soft shadow pour un résultat plus doux), de la profondeur de champ… ainsi que de la mise à jour du denoiser Intel Open Image Denoise offrant une réduction du bruit optimisé lors du rendu par raytracing. L’import SVG et l’export PDF s’ajoutent au Grease Pencil.
Quel avenir pour Blender ?
Blender est un logiciel 3D polyvalent qui évolue, à mon avis, dans le bon sens. Il ne connaît pas vraiment de limites sur l’aspect modélisation. Le temps de rendu s’améliore de version en version. La 2.93 apporte le denoise. La géométrie progresse se rapprochant des softs comme Houdini en particulier au niveau de la modélisation nodale avec des assets en masse. Dernièrement, Blender supporte le moteur de rendu de Pixar, Renderman. Les équipes avancent vite et bien. Cependant, l’outil Sculpt qui permet de sculpter directement sur des polygones afin d’apporter un niveau de détails ultras fins et précis, mériterait d’être perfectionné. Dès que l’on arrive à plusieurs centaines de polygones, le logiciel rame et il vaut mieux passer à des outils spécifiques tels que ZBrush. Il y a encore des progrès à faire sur la stabilité du programme bien que les versions LTS figent Blender dans une version afin d’éviter les éventuels problèmes tout en offrant un support de longue durée sur deux ans. En résumé, c’est un très bon logiciel 3D polyvalent, open source, léger, efficace, relativement simple à prendre en main offrant un large de panel de possibilités.