EdTech Occitanie : « apporter de la visibilité aux acteurs de l’EdTech »
Lancé en mars 2021, EdTech Occitanie a pour ambition de regrouper l’ensemble des parties prenantes du secteur des nouvelles technologies de l’éducation et de la formation. Rassemblant une dizaine d’entreprises actuellement, l’association compte doubler son nombre d’adhérents d’ici fin 2022 tout en apportant de la visibilité à ces acteurs de proximité et bien plus encore ! Rencontre avec Vigdis Herrera, sa présidente.
Depuis quelques mois, le secteur de l’EdTech, jusqu’auparavant éparse, se regroupe en cluster ? Pourquoi avoir attendu si longtemps ?
Le secteur de l’EdTech existe depuis de nombreuses années. L’un des tout premiers acteurs français sur ce domaine est Adi (pour Accompagnement Didacticiel Intelligent), une franchise, créée en 1990, qui a donné lieu à plusieurs jeux et logiciels éducatifs dont le plus connu est Adibou (paru en 1992 et qui s’apprête à faire son retour cette fin d’année). La naissance de l’EdTech est quasiment conjointe à l’émergence de l’informatique et, en particulier, avec l’émergence d’outils informatiques pour faciliter l’accès à l’éducation. En l’espace de quelques années, le secteur a gagné en maturité et a vu croître leur volonté de se structurer afin de faire en sorte que les outils numériques soient de plus en plus efficaces pour accompagner un maximum de personnes éloignées de la formation « traditionnelle ». Cependant, les acteurs de l’EdTech étaient relativement dispersés sur le territoire, un fait qui s’explique par de multiples facteurs.
Le fait que tout ce qui a attrait à l’éducation bénéficie, historiquement, moins de visibilité. C’est un aspect sociétal. En France, nous avons plus tendance à valoriser certains métiers comme celui d’ingénieur que la profession d’enseignant. Or les professions éducatives subissent souvent un a priori négatif alors qu’elles s’avèrent essentielles à la société pour acquérir des connaissances qui serviront ensuite à aller vers le métier dont les personnes ont envie, dans l’idéal et plus largement, à structurer les forces vives d’un pays. Autre phénomène, nous avons tendance à considérer que tout ce qu’il y a sur le Web doit être gratuit, ce qui est frein. Dans de nombreux pays, l’éducation est accessible à tous. Les personnes confondent accessibilité et gratuité. Or la gratuité a un coût, ce qui fait qu’ils sont moins enclins à payer.
Vous êtes à la tête de l’EdTech Occitanie. Pourquoi avoir créé cette structure ?
Au niveau national, il existe l’association EdTech France initiée par des entrepreneurs du secteur suite à la publication d’un manifeste en novembre 2017 avec pour objectif de « faire de la France, la EdTech Nation ». Sauf que chaque territoire possède ses particularités avec un tissu économique varié mêlant des entreprises agissant dans des périmètres d’activités différents. D’où la création, au deuxième trimestre 2021, d’EdTech Occitanie, une association, financée par ses adhérents, située à Montpellier, qui a pour but de fédérer, sur son territoire, entreprises, formateurs, enseignants, collectivités, écoles supérieures et tout autre sympathisant autour d'une cause essentielle : celle de l'éducation.
Nous agissons ainsi en complémentarité d’EdTech France en apportant une vision fine de notre territoire et de ses réalités que nous maîtrisons parfaitement. Par exemple, en Occitanie, contrairement à l’Île-de-France, certaines zones ont un accès très limité à Internet, ce sont des éléments que nous sommes à même d’identifier pour trouver les meilleures solutions et de les faire remonter en haut lieu si besoin.
Quelles sont vos missions ?
Parce que nous connaissons notre territoire et ses acteurs, notre objectif consiste à structurer la filière sur notre secteur en les représentant afin de leur offrir une plus grande visibilité. La plupart des entreprises de la filière s’avèrent nouvelles, il apparaît pertinent de se regrouper pour pouvoir agir dans un objectif commun afin de développer notre filière. Nous allons lancer des ateliers afin de répondre aux problématiques de nos membres et du secteur, organiser des rencontres pour apprendre à mieux se connaître, créer un groupe d’échanges notamment sur les réseaux sociaux… Notre association est ouverte tant aux formateurs qu’aux entreprises de l’EdTech.
Et vos perspectives ?
Actuellement, nous comptons une dizaine d’entreprises spécialisées dans les nouvelles technologies de l’éducation et de la formation telles qu’Elephorm. Notre ambition est de multiplier d’au moins par deux le nombre de nos entreprises membres d’ici 2022. Il y a une vingtaine d’acteurs de l’EdTech identifié sur notre territoire sur les 400 répartis sur l’ensemble de l’Hexagone dont plus de la moitié sont situés en Île-de-France. Nous devons nous faire connaître des usagers, nos prescripteurs de demain tout en étant à l’écoute des utilisateurs d’aujourd’hui pour évaluer et répondre au mieux à leurs besoins. Notre ambition consiste à devenir comme la structure incontournable pour les acteurs de la formation et de l’éducation sur notre territoire.
Quels sont les enjeux de l’EdTech et les tendances qui se dégagent actuellement ?
Il ne faut pas oublier que, en ce contexte sanitaire, si la continuité pédagogique a pu être mise en place, c’est grâce aux acteurs de l’EdTech. Nous sommes là pour apporter quelque chose de différent et complémentaire à l’enseignement traditionnel, en particulier, en rendant l’éducation accessible à tous. L’EdTech n’est pas à opposer avec l’existant et le numérique, c’est d’utiliser l’ensemble des techniques informatiques pour réaliser d’autres choses, en complémentarité. Cela reste un outil. Nous n’avons pas la même approche d’une classe en présentiel qu’en visio. Les techniques sont différentes, cela nécessite de comprendre les outils numériques pour transmettre des connaissances correctement. En ce sens, il y a un essor de la formation hybride mêlant présentiel et téléprésentiel. L’outil numérique et le présentiel sont essentiels, l’un ne va pas sans l’autre aujourd’hui. En e-learning, il n’y a personne pour corriger l’apprenant, de voir l’erreur faite, de l’expliquer, pour qu’elle soit acquise. D’où un mixte 50/50 en présentiel et cours à distance. Dans d’autres usages, comme la mémorisation, les applications ont une grande plus-value. Les deux aspects demeurent importants, un juste équilibre est à trouver.