Quelles alternatives à la Creative Cloud ?
Fondée en 1982, on ne présente plus Adobe et sa célèbre suite logiciels – Creative Suite - qui s'est enrichie au fil des ans, et ce, depuis 2003. Particulièrement présente chez les professionnels du graphisme, elle n'en demeure pas moins onéreuse. Quid des alternatives.
Depuis la création d'Adobe en 1982 par John Warnock et Charles Geschke, deux anciens employés de Xerox PARC qui souhaitait développé le langage de mise en forme PostScript, refusé par leur employeur, le groupe américain n'a cessé d'innover dans la création de logiciels à destination des graphistes.
Bref retour aux origines
Dès le départ, l'entreprise suscite un vif intérêt, notamment de la part d'un certain Steve Jobs qui proposera même 5 M$ pour son acquisition. Adobe refuse et continue de développer la technologie de post-scripting, révolutionnant progressivement l'impression des documents. Cinq ans plus tard, l'entreprise californienne lance Illustrator, le logiciel de dessin vectoriel pour ensuite distribué dès 1988, Photoshop, une application de retouche d'image créée en 1987 par Thomas Knoll, un étudiant de l'université du Michigan. La version 1.0 de ce logiciel sort d'abord sous Mac en 1990 puis en 1992 sous Windows. Petit à petit, la galaxie Adobe s'agrandit : acquisition de PageMaker en 1994, de Macromedia (Dreamweaver, Flash) en 2005, d'Omniture (une société développant des solutions de marketing Cloud) en 2009... Parallèlement, la Creative Suite prend forme dès 2003 et s’enrichit au fil des rachats de sociétés par Adobe. Entre temps, les ténors du marché, tel que Final Cut sous Mac ou encore Quark Xpress sous Windows, se voient vites concurrencés par Adobe avec sa Creative Suite intégrant Première Pro, InDesign, Illustrator et Photoshop ainsi qu'Acrobat Pro proposé à un moindre prix ! Si aujourd'hui, Adobe a réussi à s'imposer sur le marché de la création graphique, la question d'avoir des alternatives viables se pose toujours face à une suite qui devient relativement lourde, une course aux fonctionnalités pas toujours pertinente et une politique tarifaire restant relativement onéreuse sur le long terme. Trois logiciels phares ont grandement participé aux succès de cette suite : Illustrator, Photoshop et InDesign. Peut-on aujourd’hui trouver des alternatives viables à ceux-ci ?
Photoshop, des challengers sérieux
Logiciel phare dédié à la retouche d’image, Photoshop a, depuis tout temps, été régulièrement concurrencé sans jamais être détrôné. Et pourtant ! Ils sont nombreux encore aujourd’hui à se frotter à ce mastodonte. Une donne qui pourrait aujourd’hui, bel et bien changer avec l’arrivée d’outils de dernières générations, mieux développés et intégrant le meilleur des fonctionnalités de Photoshop tout en bénéficiant des dernières technologies. C’est le cas d’Affinity Photo conçu par Serif Lab en 2015. Gérant les calques, les masques et les filtres, capables de lire les fichiers PSD ainsi que les fichiers RAW, il excelle dans la création de panoramas, de la fusion HDR et des compositions multicalques tout en simplifiant le traitement par lots de fichiers. Si Affinity Photo ne révolutionne pas l’ergonomie de Photoshop facilitant le passage de l’un à l’autre, ce n’est pas le cas de Luminar. Cet outil hybride associe la puissance de Photoshop à celle de Lightroom au sein d’un même outil intégrant des outils intelligents basés sur l’intelligence artificielle. Tout un programme ! Depuis sa version 4 sortie fin 2019, le deep learning ou apprentissage profonds est largement utilisé pour faciliter les tâches de retouches d’images. La fonctionnalité AI Sky Replacement changera un ciel banal en un ciel plus esthétique, AI Structure redonnera des détails et de la consistance aux zones sélectionnées, AI Skin Enhance et Portrait Enhancer se focaliseront sur la peau. Edité par Skylum, l’entreprise propose également des plugins pour Photoshop et Lightroom, de quoi le rendre particulièrement intéressant. Créé au début des années 1990 comme une visionneuse d’images, PaintShop Pro a longtemps talonné Photoshop. Après son acquisition par Corel, il disparaîtra des radars pendant un temps avant de s’afficher avec des fonctionnalités de gestion des calques, masques, formes vectorielles et autres outils de retouche photo. Il présente une alternative intéressante à Photoshop et relativement accessible pour les amateurs et utilisateurs avertis. Enfin, The Gimp a longtemps été présenté comme l’alternative la plus connue à Photoshop, du fait de son côté open source. Dans les faits, il en est loin ! Outre son ergonomie dépassée et peu intuitive, il ne gère pas les espaces CMJN ce qui, de facto, l’élimine d’office pour les usages Print. Il reste incapable de lire le format RAW et les calques s’appliquent de manière destructive contrairement aux autres logiciels présentés ci-dessus. Un usage limité… qui ravira les inconditionnels de l’open source et les amateurs, bien moins les professionnels.
Illustrator, de féroces concurrents
Avec son âge vénérable, Illustrator n’a que peu été concurrencé efficacement au cours des années. Des logiciels comme SVG-Edit se focalisent que sur une fonction (la réalisation de dessin « Web » SVG) de ce poids lourd du dessin vectoriel et de l’illustration sans en prendre l’ensemble de ses fonctionnalités. Seul en lice ? Non ! L’application open source Inkscape est certainement l’une des plus connue aujourd’hui et un sérieux challenger face à Illustrator dont il reprend l’essentiel de ses fonctionnalités tout en prenant mieux en compte l’export HTML5 (une alternative au format SVG) ainsi qu’une bonne compatibilité avec les tablettes graphiques du marché. Mais son absence de pinceaux et la non-prise en compte du mode CMJN restent un obstacle à son adoption par les professionnels et ceux qui souhaitent réaliser des impressions Print, tout comme The Gimp. Parallèlement, l’entreprise Serif Lab présente à ce jour, la seule véritable alternative à Illustrator avec Affinity Designer. Puissant, intégrant la gestion du CMJN et comptant sur une politique tarifaire agressive, ce logiciel a tout pour plaire. Les aficionados d’Illustrator retrouveront les outils clés mieux pensés même s’il manque encore quelques fonctionnalités. Le logiciel évolue très vite et s’avère étonnamment fluide, les modifications de filtres, fusion et couleur, tout se fait en temps réel sans ralentissement ! L’éditeur propose une licence perpétuelle à moins de 55 € TTC de quoi en faire un redoutable concurrent et d’ailleurs, beaucoup de professionnels commencent à migrer massivement vers Affinity et sa suite de logiciels…
InDesign, bientôt détrôné ?
Bien avant l’arrivée d’InDesign, le marché de la publication professionnelle était l’apanage de QuarkXPress. Plus ergonomique que le logiciel d’Adobe, adaptée au Print comme au Web, QuarkXPress possède un inconvénient notamment au niveau de la création des tableaux, moins bien pensés que sous InDesign. Son coût élevé a été la principale raison du succès de l’outil d’Adobe, les professionnels passant progressivement aux outils de la firme californienne disponible en intégralité au même prix qu’était commercialisé QuarkXPress, seul. Il n’en demeure pas moins l’ancêtre d’InDesign qui bénéficie toujours d’un important soutien des professionnels de la vieille école. Ce qui s’était produit avec QuarkXPress pourrait très bien arriver à InDesign d’ici peu de temps. Serif Lab a conçu Affinity Publisher disponible à moins de 55 € TTC (hors promotion) et en licence perpétuelle. Compatible avec les formats d’InDesign s’enrichit progressivement depuis son lancement en 2018. Pas encore tout à fait au niveau du logiciel d’Adobe, il propose néanmoins l’ensemble des fonctionnalités principales et permet de réaliser efficacement quasiment tous les travaux. Le programme se distingue par sa large palette d’outils typographiques avec la prise en charge étendue des polices OpenType, la possibilité de maîtriser les paragraphes et les styles de caractères… Cerise sur le gâteau, la technologie StudioLink intégrée avec les autres outils de la suite permettent de passer simplement d’un logiciel à l’autre de la suite, à condition de les avoir, utile pour modifier l’aspect d’un élément. Enfin, dernière application de notre sélection, Scribus, logiciel totalement open source dispose d’une puissance incroyable. Malgré une ergonomie discutable, il regroupe l’ensemble des outils PAO le rendant aussi complet que ses équivalents payants. Il gère le CMJN, les profils colorimétriques multiples tout comme le montage polyvalent de PDF. Mieux, il regroupe aussi certaines fonctionnalités vectorielles à la Illustrator jusqu’à l’émulation du daltonisme et s’interconnecte avec des langages de balisage comme LaTeX ou Lilypond, de quoi étendre ses fonctionnalités !
Des alternatives nombreuses qui permettent à chacun de trouver son bonheur. La palme du challenger à Adobe revient néanmoins à Serif Lab avec sa suite Affinity qui progresse à pas de géant tout en proposant des tarifs défiants toute concurrence et des fonctionnalités en train de rattraper celle de la firme californienne bien connue. Un sujet sur lequel nous reviendrons prochainement…