Que vaut Affinity par rapport à la suite Adobe ?
Serif, un petit nouveau pas si nouveau
Beaucoup ont essayé de le rivaliser sans jamais l’égaler. Avec l’émergence de nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle, de l’évolution des langages de programmation, de nouveaux challengers sont apparus sur le marché, prêt à concurrencer Adobe et sa Creative Suite. C’est le cas de Serif Lab, une entreprise britannique née en 1987 de l’idée d’une petite équipe d’ingénieurs informatiques. Leurs objectifs ? Développer des programmes de publication assistée par ordinateur (PAO) fonctionnant sous Windows. Cette réflexion les conduits à sortir en 1990, PageStar qui facilite la mise en page publicitaire et s’avère abordable à qui succède PagePlus. Dès 1994, la gamme « Plus » s’élargit : DrawPlus (dessin vectoriel), PhotoPlus (retouche d’image), WebPlus (mise en page Web), MoviePlus (montage vidéo). Racheté en 1996 par une société américaine, Vizacom puis reprise dès 2001 par ses dirigeants originels, l’expérience acquise les pousse à aller encore plus loin. Exit les produits Plus, place à Affinity dès 2014 avec un lancement cette fois sous macOS avec Affinity Designer. La révolution est lancée, les produits sont développés de 0 bénéficiant des dernières avancées en misant sur l’optimisation du code pour des lancements éclairs et des fonctionnalités s’appliquant quasiment en temps réels quelle que soit la complexité de l’opération. Et là où Serif se démarque, c’est que son esprit d’origine n’a jamais changé au fil des années, la politique tarifaire se veut agressive pour offrir des logiciels professionnels au plus grand nombre avec un modèle misant sur des prix défiants toute concurrence (55 € / logiciel) en licence perpétuelle ainsi qu’une myriade de plugins pro (pinceaux de retouches, typographies, etc.).
Les amateurs comme les professionnels ne tarissent pas d’éloges sur la suite d’Affinity alors composée de trois logiciels : Affinity Designer (pour le vectoriel), Affinity Photo (retouche d’images) et Affinity Publisher (pour la mise en page). Beaucoup, inconditionnels de la suite d’Adobe, migrent sans hésiter à Affinity. Dans les faits que donne-t-elle ?
Affinity Designer, l’Illustrator killer
Ce qui surprend de prime abord, c’est le lancement ultra rapide de l’application quand Illustrator prend le temps de charger les polices et les scripts… Bénéficiant des années de développement et d’épuration de l’interface des logiciels d’Adobe, Affinity Designer reprend les codes. L’ergonomie est claire, les raccourcis sont tous mappés et personnalisables ce qui permet d’adapter l’interface aux habitudes de travail de chacun. Par défaut, Affinity Designer intègre trois modes différents :
- Draw Persona : dédié au design et au dessin vectoriel ;
- Pixel Persona : destiné à la retouche d’image basique ;
- Export Persona : comme son nom l’indique, il recense l’ensemble des outils d’exportation et de découpe.
Tout est compartimenté et segmenté ce qui facilite de se perdre dans les différents outils. Tout est visible ou presque contrairement à Illustrator qui dispose de fonctionnalités cachées dans ses menus, pas toujours très simple à retrouver.
Son point fort, les modifications de filtres, de fusion, de couleurs… tout s’effectue en temps réel sans ralentissement, les prévisualisations des effets s’affichent instantanément. La fusion vectorielle / bitmap permettra à chacun de passer d’une création vectorielle tout en apportant la puissance des textures bitmap comme si Photoshop était directement intégré à Illustrator. De quoi améliorer le workflow ! Le zoom infini permettra aux illustrateurs d’ajuster leurs réalisations à la perfection tandis que la sélection d’éléments se veut bien plus douce que sous Illustrator et plus souple, évitant de devoir désélectionner des points lors d’objets multiples comme c’est souvent le cas sous Illustrator. L’outil Nœud permet de gérer permet quasiment de tout faire : redimensionner, correction des poignées, des ancres, ajout de tracé, de points… Alors qu’Adobe dispose d’objets dynamiques, Affinity offre des bibliothèques similaires à la différence qu’il est possible de désynchroniser une occurrence de son objet originel. Mieux ! Les contraintes permettent de décider du comportement des objets imbriqués en groupe, s’ils sont affectés ou non par des déformations. Bien d’autres fonctionnalités valent le détour. Pas encore parfait, il manque encore d’outils de déformation, de transformation et de création de motifs ainsi que d’une meilleure stabilité de l’application. Mais Affinity Designer évolue vite, très vite.
Affinity Photo, le mixe heureux de Photoshop et Lightroom ?
Il a tout d’un grand ! Affinity Photo a été classé meilleur logiciel de l’année 2016 en termes de traitement d’images. À l’image de Photoshop, l’utilisateur retrouve ses marques avec une interface similaire, mais plus épurée ou tous les outils sont sous le coude, y compris les fonctionnalités avancées. Les différentes librairies Pantone sont intégrées ainsi que les profils colorimétriques divers (RVB, CMJN, etc.) ainsi que cinq espaces de travail préconfigurés :
- Photo Persona : pour le traitement de photographies ;
- Liquify Persona : pour la déformation d’images ;
- Develop Persona : pour le développement de fichiers RAW ;
- Tone Mapping Persona : pour les filtres photo préenregistrés ;
- Export Persona : pour l’exportation de fichiers.
Tout est plus clair, et la compatibilité avec le format PSD de Photoshop facilite son adoption. Cependant, il n’intègre pas une fonction phare de Lightroom, celle de catalogue d’images permettant de constituer une base de données photographique labellisée. Gage que les développeurs tableront dessus pour les prochaines versions d’Affinity Photo.
Affinity Publisher, le petit dernier
C’est la dernière brique qui manquait à Affinity pour affronter Adobe. Sortie en 2018, l’application de mise en page de Serif, Affinity Publisher possède toutes les fonctionnalités pour devenir un sérieux challenger de la firme californienne. La liste des fonctionnalités est impressionnante, il faut dire que Serif soigne le développement de ses logiciels, trois ans pour le développement de ce dernier et une bêta publique de près d’un an ! Compatible avec les logiciels d’Adobe, le logiciel se distingue par sa capacité à intégrer les polices Open Type ou encore ses outils simplifiant la mise en page des paragraphes tout comme sa gestion des styles de caractères. S’intégrant parfaitement avec les autres programmes de la suite pour améliorer le flux de travail, il reste encore un peu jeune, mais progresse à pas de géant. Par ailleurs, Serif a fait le choix de se concentrer sur l’amélioration de sa suite avant, peut-être, d’attaquer d’autres segments de marché.
À noter qu’au vu du contexte, Serif a élargi la période d’essai de ses logiciels à 90 jours (contre un mois en temps normal) et propose actuellement une remise de 50 % sur ces logiciels et extensions (soit moins de 25 € / logiciel contre près de 55 € / logiciel). Les habitués d’Adobe ne retrouveront cependant pas la grande force de la suite, le Cloud et ses bibliothèques d’images, mais gageons que Serif saura s’imposer auprès des indépendants et des professionnels qui réfléchissent sérieusement à diminuer leur coût fixe, l’abonnement de la suite complète d’Adobe étant disponible à 60 €/mois hors promotion (soit 720 €/an).
https://affinity.serif.com/