Passer d'Autocad à Revit, une transition à anticiper
Il y a les férus d'Autocad et ceux de Revit. Sauf que le second tant à prendre le pas sur le premier en proposant de véritables maquettes numériques. Une évolution majeure dans le monde du bâtiment et de l'architecture qui nécessite d'être préparé en amont. Entretien avec Samuel Dubois, formateur Elephorm et consultant BIM.
Quelles sont les différences entre Autocad et Revit ?
Nous ne sommes pas du tout sur les mêmes philosophies. Ce qui se traduit dans la conception même de ces logiciels où il n’existe aucune similitude dans leurs grands principes de fonctionnement. L’objectif d’Autocad réside dans sa capacité à mettre la table de dessin sur l’ordinateur. On dessine, agence les éléments afin de donner une impression de mur, de fenêtre. Ce ne sont que des lignes qui représentent un objet, des plans de maison. À chaque changement de vue, il faut tout redessiner ce qui générer des erreurs. Autocad reste un outil de dessin technique qui se veut très souple et relativement peu paramétrer.
Quel est l’intérêt de Revit ?
À l’inverse, Revit s’avère nettement plus complexe à appréhender. C’est un logiciel métier destiné aux professionnels du bâtiment, proposant différents outils paramétrables. Les utilisateurs vont construire un mur, mettre en place un sol, une charpente… ou ils vont ensuite indiquer les côtes, le type de matériaux utilisés, etc. On passe sur un modèle 3D qui retranscrit précisément l’ensemble des différentes vues tout en intégrant l’ensemble des données relatives à un projet qu’il est possible de partager avec d’autres. Nous ne sommes plus dans la même logique qu’avec Autocad. Avec Revit, les personnes peuvent interagir sur la maquette en direct, faire des révisions en temps réel… les utilisateurs sont accès à l’ensemble des paramètres, des tableaux de nomenclatures, etc. En bref, tous les composants d’un projet sont renseignés et peuvent être directement exploités à travers la maquette numérique (BIM).
Est-il facile de passer de l'un à l'autre ?
Il est possible de maîtriser rapidement Autocad à l’inverse de Revit qui nécessite une formation. Un bon utilisateur de Revit ira plus vite avec cet outil qu’en se servant d’Autocad. La transition de l’un à l’autre représente un investissement tant au niveau du temps de formation des collaborateurs qu’au niveau matériel. Cela s’anticipe en amont. On ne fait pas du Revit 30 minutes par semaine pour savoir l’utiliser ! Il faut l’ouvrir très souvent, le tester régulièrement pour réellement progresser. Financièrement, Revit compte deux éditions :
- L’une LT à 792 €/an qui est une version allégée et bridée dans ses fonctionnalités (options collaboratives moins poussées au niveau du BIM, impossibilités d’utiliser des plug-ins tiers, etc.) ;
- L’autre à 3160 €/an correspondant à la version complète intégrant les options collaboratives BIM de niveau 3 qui offrent la possibilité aux utilisateurs d’un même projet d’effectuer des révisions directement sur la maquette source en ouvrant chacun une maquette locale sur leur ordinateur. Les modifications sont ensuite synchronisées et visibles par l’ensemble des utilisateurs.
Parallèlement, il faudra aussi former les collaborateurs à Revit. Il existe de très bonnes formations comme celle d’Elephorm à ce sujet qui s’avèrent accessibles. Ce n’est pas le cas si l’on passe par un organisme de formation professionnelle qui est plus cher en général ! À cela s’ajoute le renouvellement ou l’optimisation du parc machine, Revit consomme des ressources et nécessite des ordinateurs puissants pour fonctionner pleinement et fluidement.
De quelle manière Revit (et les autres logiciels de ce type) représente l'avenir de la conception architecturale ?
Les architectes l’utilisent du fait qu’il intègre de plus en plus le BIM dans leur processus d’élaboration de bâtiment. Mais pas que ! De nombreux acteurs du bâtiment se dotent de ce logiciel ou d’outil similaire du fait de ses capacités de modélisations immédiates. Les aménageurs également, car il permet de positionner tels ou tels éléments précisément sur un plan avec les modèles fournis par le fabricant (un constructeur de cuisine par exemple) et d’avoir le rendu en direct. Les personnes travaillant sur la structure du bâtiment ou encore ceux intervenants sur les réseaux électriques, la plomberie, les CVC, tous peuvent utiliser Revit du fait de sa polyvalence. D’autant plus que les appels d’offres comportent, bien souvent, une partie BIM / maquette numérique dans les prérequis. Et Revit offre vraiment un panel d’options pertinentes, simplifiant grandement la collaboration entre les équipes ce qui fait du gagner du temps et de l’efficacité ! Toutes les disciplines du BTP sont présentes dans Revit.
Autocad a-t-il encore du sens actuellement ?
Ce logiciel est amené à être de moins en moins utilisé dans le bâtiment. Cependant, il a encore toute sa place dans certains secteurs notamment dans l’électrotechnique. Sur du dessin de détails, il est particulièrement puissant, offrant une souplesse et une flexibilité inégalées. Autocad ne disparaîtra pas pour autant.