Logic Pro : « l’IA permet de libérer la créativité musicale »

Logiciel phare de création musicale d’Apple, Logic Pro tant de plus en pus à rivaliser avec des DAW bien connu et implanté sur le marché tel que Cubase, Pro Tools ou encore Ableton Live. Rencontre avec Jean-Louis Hennequin, compositeur et musicien français, également formateur certifié Apple Mentor Trainer Logic Pro X EMEIA.

Pourquoi utiliser Logic Pro plutôt qu’un autre DAW ?

Développé par Gerhard Lengeling et Chris Adam sous le nom de Creator puis devenant en 1988, Notator par l’intégration de module d’édition de partitions professionnel, Logic Pro a d’abord fait ses armes sur Atari ST puis sur Commodore. En 2002, Apple acquiert la société éditrice de Logic Pro qui avait déjà été porté sur Mac OS dix ans auparavant puis sur PC dès 1993. Apple décide d’arrêter son développement sur PC afin de l’intégrer complètement à son univers. Et c’est bien là, l’une des grandes forces de ce DAW. Il offre un éventail de possibilités qui vient naturellement se greffer nativement à l’ensemble des outils conçus par Apple : interfaçage avec iCloud, application Logic Remote de commande de table de mixage Multi-Touch permettant de piloter le logiciel ainsi que GarageBand avec une facilité déconcertante et un haut degré d’interactions… L’écosystème d’Apple est très développé et Logic Pro a toute sa place et est parfaitement intégré. C’est clairement un produit d’appel pour la marque à la Pomme.

Quelles sont ses particularités ?

Programme spécialisé dans la musique assistée par ordinateur, il permet tant d’enregistrer de la musique, de la créer via des instruments virtuels ou classiques par le biais de la captation sonore, de créer et d’éditer des partitions… Il offre toutes les possibilités pour créer de chez soi ou de monter son studio professionnel. Il s’inscrit dans la droite ligne de GarageBand disponible gratuitement pour l’ensemble des utilisateurs Mac. Apple pousse, via GarageBand à aller vers Logic Pro pour ceux qui veulent aller plus loin dans l’exploration de l’univers audio, d’autant plus qu’il s’avère très peu onéreux. Son interface reprend l’ergonomie des logiciels Apple, particulièrement soignée, à l’image de celle de GarageBand. Nous retrouvons une timeline qui représente la tête de lecture du projet tout en étant pleinement compatible avec les plug-ins Audio Unit (AU), l’un des trois formats d’extensions couramment utilisées dans le milieu musical avec les plug-ins VST et AAX (Avid Audio Extension).

À qui s’adresse ce logiciel ?

Il est l’un des tout premiers DAW du marché à avoir intégré nativement les instruments virtuels MIDI en standard. Il se destine avant tout aux compositeurs et musiciens avec des fonctionnalités audio intéressantes en offrant un nombre illimité de pistes, un outil de sélection bien pensée permettant des sélections multi-usages qui le rapproche nettement de ce que l’on peut voir sur Pro Tools. Logic Pro s’avère polyvalent donnant la capacité de créer un morceau de A à Z, de la première note jusqu’au mixage et mastering final. Tout est automatisé, pensée ergonomiquement pour faciliter son appropriation par les musiciens qui ne sont pas des ingénieurs son. En ce sens, plus de 80 presets réalisés par des spécialistes permettent d’obtenir des résultats professionnels rapidement avec une notion d’apprentissage importante. Les utilisateurs possèdent les clés pour comprendre comment ceux-ci sont construits afin de créer les leurs.

La dernière version de Logic Pro apporte son lot de nouveautés, lesquelles ?

Depuis la version 10.4 (Logic Pro étant à la 10.6.2 actuellement), Apple a développé une nouvelle fonctionnalité, le Live Loops. Cela permet de créer et d’arranger la musique dynamiquement et en temps réel, d’ajouter des boucles, des samples ou des prises enregistrées dans une grille de cellules. Il est désormais possible de lancer des clips et des accompagnements à la volée, de piloter différents éléments à l’image d’Ableton Live. Le Flex Pitch apporte des outils spécifiques à l’auto-tune avec la modification du niveau et du pitch des notes individuelles. Il y a tellement d’outils dans les DAW qu’il est difficile d’en faire le tour, chacun se servant d’une partie du logiciel selon la demande et non pas de l’ensemble de ses fonctionnalités.

Quelles sont les évolutions probables de Logic Pro ?

L’une des plus grosses évolutions attendues réside dans le support natif du Dolby Atmos, l’audio spatial. Apple a d’ores et déjà rendu la majorité de son catalogue Apple Music à ce nouveau format offrant un son immersif en 3D ce qui augure un passage prochain de ses logiciels à cette évolution. Avec la prochaine génération du processeur d’Apple, le M1X ou M2 qui intègre une mémoire soudée, la puissance va être décuplée avec un nombre de cœurs supérieurs et beaucoup plus de mémoire vive de l’ordre de 64 Go. Les performances, déjà très bonnes, vont être encore plus impressionnantes ouvrant aux musiciens la possibilité de réaliser des choses jusqu’à là inimaginables. Du côté de l’iPad, on constate déjà l’apport de la puce M1 et d’une interface Thunderbolt ce qui pourrait permettre de le coupler à une carte son et donc, probablement, donner un DSP (NDLR : en clair, un processeur de signal numérique) supplémentaire à un Mac. Cela ouvre également la voie à une version future sur iPad de Logic Pro.

L’intelligence artificielle s’implémente dans de plus en plus de logiciels. Est-ce le cas avec Logic Pro ?

Depuis quelque temps, Apple a implémenté l’intelligence artificielle dans ses outils. Logic Pro n’échappe pas à la règle avec une bonne dose de machine learning. C’est le cas avec son Drummer, un outil capable de simuler un batteur pro, de créer des pistes de batterie plus vraies que nature ou des beats électroniques avec, à la clé, une douzaine de présélections variées. Si Apple décide d’intégrer le Dolby Atmos avec du mixage multipoints, nous pouvons nous attendre que l’outil intègre une bonne dose d’IA afin de faciliter son usage aux non-spécialistes. Il y a quelques années, Jacques Attali affirmait que l’avenir de la musique était dans le développement logiciel arguant que cette automatisation allait permettre aux artistes de se concentrer sur leurs idées musicales. L’IA pourrait, à ce titre, libérer notre créativité !