Google Suite va-t-il enterrer Microsoft Office ?

Lancée le 19 novembre 1990, la suite bureautique phare de Microsoft, Office, s’est rapidement imposé sur le marché devant ses concurrents tels que Lotus SmartSuite racheté par IBM en 1995 et disparu officiellement en juin 2013. Depuis, d’autres ont essayé de déboulonner l’insubmersible Microsoft Office, sans succès, jusqu’à l’arrivée de Google Workspace (ex- G Suite) qui commence sérieusement à faire de l’ombre à ce ténor. Va-t-il le reléguer en seconde place pour connaître le même sort que Lotus SmartSuite ?

Sur bien des aspects, Microsoft comme Google possèdent des points communs. Tous deux ont vu l’intérêt de se focaliser sur les logiciels open source, l’un sur le tard (Microsoft qui a notamment acquis GitHub en 2018 pour 7,5 Md$), l’autre depuis quasiment ses débuts, les soutenant en vue d’imposer ses technologies (Google avec Android, Flutter, etc.). Tous deux faisant partie des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft), disposent de suites bureautiques qui prennent progressivement des noms différents. Microsoft Office a son homologue en ligne Office 365 qui tend à représenter le futur de sa célèbre suite bureautique, la prochaine version étant prévue pour la fin de cette année (sans date annoncée) et qui sera distribuée en licence perpétuelle LTSC (Long-Term Servicing Channel) avec un support de mise à jour de cinq années. La firme de Redmond a d’ores et déjà expliqué qu’elle sera moins riche que sa version Office 365, actant de ce fait, la migration progressive d’Office sur une version uniquement disponible en ligne à terme via un abonnement. Quant à Google, le groupe ne bénéficie pas de l’antériorité de Microsoft, mais progresse à pas de géant. Sa Google Suite désormais rebaptisé en Google Workspace dont la première version date de 2008, rattrape peu à peu MS Office avec l’avantage d’être déjà exclusivement accessible en ligne, et ce, depuis son origine.

Office 365, miser sur l’accessibilité et capitaliser sur l’expérience offline

Suite installable sur les ordinateurs depuis son origine alors même qu’Internet était encore à ses prémices, Microsoft Office a l’avantage de l’antériorité et d’avoir revue en 1997 son interface afin de la rendre plus ergonomique. Particulièrement présente dans le milieu professionnel, c’est la première suite bureautique du marché, loin devant ses concurrents libres tels que Libre Office. Ses fonctionnalités pléthoriques lui permettent de répondre facilement à la grande majorité des besoins. Du traitement de texte Word au tableur Excel en passant par l’outil de présentation PowerPoint et la base de données Access, elle se veut ultra complète. Depuis quelques années, Microsoft compte bien accélérer la cadence avec la sortie de Windows 11 et le prochain opus de sa suite bureautique phare, toutes deux prévues pour le second semestre 2021. Office 2021 sera disponible en version LTSC avec cinq ans de mises à jour et marquera certainement la fin de la version « boîte » de la suite, la firme de Redmond poussant de plus en plus son équivalent accessible en ligne, Office 365. D’ailleurs, Microsoft a rappelé qu’Office 2021 aurait moins de fonctionnalités qu’Office 365. Un changement de cap afin de lutter contre son principal concurrent : Google Workspace. Et pour ce faire, Microsoft a des arguments de poids :

• Une plus grande antériorité en la matière ;
• Des applications rodées, fiables et omniprésentes dans le monde professionnel ;
• La possibilité d’installer les applications sur les ordinateurs pour bénéficier d’une utilisation hors ligne ;
• Un outil de visioconférence plus abouti – Microsoft Teams – avec possibilités de sondages, de commentaires et de gestion des tâches ;
• Le non-assujettissement au Patrioct Act avec la possibilité de demander expressément l’hébergement des données sur ses serveurs en France et en Europe.

Tarifs : Microsoft 365 à 69 € / an ou à 99 €/an pour l’offre familiale et à partir de 4,20 € HT/mois pour les offres entreprises.

Google Workspace, le serial killer

Si Microsoft Office reste en tête, certains analystes considèrent Google Workspace comme son plus sérieux concurrent. Et pour cause ! Lancée fin août 2008, la suite bureautique de Google présente de nombreux avantages. Développé directement pour Internet et accessible uniquement via un navigateur Web, elle se veut rapide, misant sur les fonctionnalités principalement utilisées, le tout agrémenté d’une bonne dose d’intelligence artificielle et peut même s’utiliser hors ligne en ajoutant cette extension uniquement valable pour son traitement de texte et fonctionnant sous le navigateur Chrome. Sa grande force réside dans son aspect collaboratif éprouvé intégrant d’office la messagerie Gmail et le côté stockage sur le cloud avec Google Drive. Les produits disponibles restent sensiblement les mêmes que ceux proposés avec Microsoft Office, leur prise en main et la présentation étant différente. Là où Microsoft a réussi à avoir une interface claire après de nombreux errements, Google Workspace se veut plus fonctionnel et un peu plus spartiate, nécessitant un temps d’adaptation. L’intelligence artificielle vient régulièrement augmenter les capacités des logiciels du célèbre moteur de recherche, tels que l’auto complétion déjà présente dans Gmail qui se fraie désormais un chemin dans les autres outils de la suite, ou encore la reconnaissance vocale. Sur ce point Microsoft a déjà une fonctionnalité éprouvée de saisie vocale grâce à son partenariat de longue date avec Nuance (éditeur de Dragon Naturally Speaking, numéro 1 de la reconnaissance vocale) que la firme a acquis en avril dernier pour 19,7 Md$. L’aspect collaboratif s’avère, a contrario, nettement plus développé sur Google Workspace : sauvegarde automatique des modifications, fonctionnalités de révision, de partage avancé, stockage dans le Cloud en natif… Le tout en temps réel. En résumé :

• Une ergonomie allant à l’essentiel, mais nécessitant un temps d’adaptation ;
• Des outils similaires dopés régulièrement à l’intelligence artificielle ;
• Un aspect collaboratif en temps réel plus développé qu’Office 365 ;
• L’authentification à doubles facteurs avec cryptage basée sur Personal Vault, plus performant que One Drive au niveau sécurité ;
• L’assujettissement au Patriot Act, les données peuvent, un jour ou l’autre, être sur le sol américain et donc consultables par l’administration américaine en cas d’urgence ou de risque pour la nation.

Tarifs : quatre niveaux tarifaires à partir de 4,68 €/mois

Avec près d’un tiers des parts de marché, Microsoft Office a encore de bout jour devant lui. Le groupe semble avoir pris au sérieux Google Workspace en se focalisant désormais principalement sur Office 365 bénéficiant des dernières nouveautés tout en reléguant progressivement sa suite bureautique logiciels au second plan. Quant à Google Workspace, il représente un sérieux challenger, Google implémentant régulièrement de nouvelles fonctionnalités à base d’intelligence artificielle et gagnant du terrain d’année en année. Les deux n’étant pas opposés dans leur utilisation, il n’est pas rare de voir les utilisateurs cumuler l’usage de ces deux suites selon leurs besoins !