Autograph, le challenger d'After Effects est né ?
Devenir le chaînon manquant entre les logiciels d’effets spéciaux After Effects et Nuke… telle est l’ambition d’Autograph, une application de compositing made in Grenoble capitalisant sur plus de huit années de R&D au sein de l’Inria Grenoble Rhône-Alpes et sur l’expérience que les développeurs ont acquis sur Natron, un logiciel open source de compositing. Entretien avec François Grassard, cofondateur de Left Angle, la société grenobloise à l’origine d’Autograph.
Comment est née Autograph ?
Autograph est développée par la startup deeptech grenobloise Left Angle. A l’origine, les fondateurs de Natron, un logiciel de compositing open source dont le développement s’est arrêté en 2018. Depuis 2019, nous nous concentrons vers une version plus aboutie à mi-chemin entre Adobe After Effects (NDLR. Dont vous pouvez découvrir les formations After Effects ici) et Nuke, Autograph. Pendant près de huit ans, nous avons réalisé des travaux de recherche à l’Inria Grenoble Rhône-Alpes sur le traitement de l’image et des algorithmes de reconnaissance dans la vidéo. Ce qui a donné lieu à un premier logiciel open source, Natron. Au fil du temps, nous nous sommes aperçus qu’il intéressait fortement le monde des effets spéciaux et du cinéma, avec plus de 500 000 téléchargements par an ! Ce qui a donné naissance à Autograph dont la première version stable est sortie début juin. Concrètement, nous apportons la puissance de Nuke avec des concepts ergonomiques se rapprochant d’After Effects : compositing 2D/3D, accélération complète du GPU et CPU, exécutable sur de petites configurations, prise en compte du responsive design dans les vidéos afin d’adapter le format de sortie aux supports de diffusion, sans déformation, support du format USD…
Quelles différences avec After Effects ?
Il y a plusieurs points différenciants. Le logiciel est disponible sous Windows, MacOS mais également GNU/Linux. Le moteur de rendu d’Autograph est pensé pour être à la fois rapide et précis avec une réactivité pouvant aller jusqu’au temps réel. L’application a pour but d’éviter aux graphistes de se frotter un maximum au code. Tout peut être fait dans Autograph alors que sous After Effects, à un moment donné, il faut en passer par là. Autograph prend en charge les SVG et supporte des moteurs de rendu tout comme Redshift. C’est un logiciel hybride mêlant calque et système nodal, ce qui implique une autre manière de travailler qui permet de réaliser autre chose plus vite tout en laissant libre cours à la créativité. Et pour cause, j’utilise After Effects depuis 1995, j’ai pu constater à la fois sa puissance et ses faiblesses sur certains points.
Quelles sont ses fonctionnalités clés ?
Le logiciel est encore jeune, tout n’est pas encore implémenté à l’image du node graph qui viendra s’ajouter plus tard. Autograph gère les calculs de rendu dans un pipeline 32 bits Float linéaire, afin de ne perdre aucun détail tout au long de la chaîne de traitement. Il supporte les formats OpenColorIO et ACES (voir notre article « Colorimétrie : le format ACES démystifié »). Il abolit la frontière entre 2D et 3D. Les deux types d’éléments peuvent être combinés sur une même ligne de temps, rendus par un moteur PBR haut de gamme. Il est ainsi possible d’ajouter des objets procéduraux dans des scènes ou des éléments 3D importés, de compositer l’ensemble avec des sources 2D au sein même du logiciel. Il prend également en charge le format de Pixar, USD, largement utilisé dans l’industrie. Il dispose d’un système de compositions intelligentes et multiformats. Dans Autograph, une composition se comporte comme une fonction pouvant être appelée avec différents paramètres. Il est ainsi possible de calculer deux fois la même composition en lui imposant des tailles différentes. Les positionnements relatifs des éléments à l'intérieur de celle-ci font de Autograph le seul logiciel à appliquer les principes du Responsive Design Web à la vidéo. Il comporte des dizaines d’effets et des outils pour les VFX et la collaboration, le tout avec des générateurs procéduraux permettant de créer à la volée des éléments graphiques, des valeurs numériques ou textuelles ou encore des géométries prêtes à être rendues en 3D. Il s’interface également avec les fichiers Excel ou CSV afin d’importer des données extérieures, mais également à travers des API pour se connecter à différentes bases de données ce qui offre la possibilité de répondre aux besoins d’automatisation des chaînes d’information ou encore de la production massive de vidéos ultras personnalisées… Sa gestion de la mémoire en fait un logiciel très véloce, et ce sur n’importe quelle configuration.
Si vous voulez en savoir plus, rendez-vous sur le site www.left-angle.com